Un voile de tristesse

1782f322a8f478b2a1ef2929a2c3c413.jpgParmi les livres qui se sont récemment rebellés contre moi, le dernier livre de Zsuzsa Bank figure en bonne place. Bizarrement, c’est dans doute l’un des premiers livres à me convaincre lors d’une rentrée littéraire. La plupart du temps, je feuillette, je trouve ça très cher, je me demande si je vais aimer et finalement, je repars avec d’autres ouvrages. Cette fois-ci j’ai longuement hésité entre plusieurs romans, parcouru avec curiosité quelques livres français (dont le dernier Foenkinos), admiré plusieurs couvertures des Editions Christian Bourgeois et, après m’être juré de lire très bientôt Les Vivants et les Ombres de Diane Meur, j’ai finalement jeté mon dévolu sur L’été le plus chaud, dont la couverture joliment enneigée m’avait interpellée.

Nouvelle découverte et, au final, un bilan plutôt positif. L’été le plus chaud est un recueil de nouvelles : une femme renoue des liens avec sa famille abandonnée depuis longtemps, une autre invite sa meilleure amie à la rejoindre à Londres après de longues années d’absence et de silence, une jeune fille découvre la ferme qui a vu sa mère grandir… les récits sont nombreux et traitent presque toujours de retrouvailles après la séparation, le plus souvent dans un cadre est-ouest, les abandonnés à l’est et les échappés à Londres, au Canada. Enfin figurent dans ce livre beaucoup de couples ou d’amitiés féminines racontés avec pudeur.

Difficile de ne pas sombrer dans la mélancolie à la lecture de ces textes : les familles ne se retrouvent que pour être séparées brutalement ; les histoires passionnées finissent dans le rejet, l’indifférence, la cruauté de l’abandon ; les familles heureuses cachent en réalité bien des secrets, comme la maladie ou une haine grandissante qui se glissent furtivement au beau milieu du récit et finissent par tout envahir progressivement. Quant à la fuite vers l’Ouest, vers le succès, vers des pays idéalisés, elle aboutit à un échec retentissant. Pas de recette miracle, pas de bonheur à la clef. Au contraire, seuls la nostalgie et la solitude finissent par retrouver ceux qui ont cherché ainsi à échapper à leurs racines.

Au final je me suis laissée emporter par l’écriture agréable et j’ai trouvé le déroulement des histoires très bien maîtrisé. Je reprocherai tout de même à l’auteur d’avoir ajouté à l’ensemble deux ou trois nouvelles assez ennuyeuses, répétant à l’infini le leitmotiv de L’été le plus chaud sans apporter grand-chose à cette galerie de portraits, au risque de lasser le lecteur. On ressort un peu triste de ce plongeon dans la cruauté et les blessures mal refermées, mais il est difficile de ne pas être touché par la capacité de Bank à dépeindre avec simplicité et finesse la complexité des relations humaines.

187 p

Commentaires

J’ai découvert les nouvelles récemment et finalement cela ne me déplait pas et cela peut prendre sa place entre deux romans donc je note ce titre même si pour l’instant je n’ai pas envie de choses dures et nostalgiques !

Écrit par : anjelica | 22/09/2007

@ Anjelica : je ne dirais pas que c’est un livre dur, mais disons qu’il n’est pas excessivement optimiste :o) Moi aussi j’ai redécouvert les nouvelles et courts romans récemment. Comme je lis beaucoup dans le métro et que je n’ai pas toujours beaucoup de temps, j’ai choisi Ogawa, Bank et prévois d’autres lectures de nouvelles : Singer, Sand, Nabokov… A venir bientôt !

Écrit par : Lou | 23/09/2007

Critique alléchante 🙂 La première que je lis même si à ma librairie on m’a également dit du bien (enfin de toute façon j’avais décidé de l’acheter vu que j’ai beaucoup aimé son premier roman « Le nageur ») donc le livre est sur le haut de ma PAL et c’est un des deux seuls que je me suis offert pour cette rentrée avec « Plein été » de Colette Fellous.

@Anjelica : le premier livre de Zsuzsa Bank est très nostalgique aussi mais c’est très doux, très agréable à lire. Bref, voilà une personne que j’ai décidé de suivre et recommande chaudement.

Écrit par : Flo | 23/09/2007

@Les filles, c’est terrible de vous fréquenter. Je veux une retraite anticipée pour pouvoir tout lire à loisir !

Écrit par : anjelica | 24/09/2007

Bah c’est plus qu’une retraite anticipée qu’il faudrait, c’est une seconde vie ! 🙂

Écrit par : Flo | 24/09/2007

@ Flo : je pense que je lirai également « Le Nageur » après cette introduction en douceur. Pour l’instant j’ai pas mal de livres en retard, et notamment dans la rentrée littéraire, « la chaussure sur le toit » et « Arlington Park » qui me faisaient envie depuis des semaines !

@ Flo et Anjelica : judicieuses remarques :o) pour l’instant je crois que nous devrons nous contenter des nuits trop courtes et des moments volés au week-end, entre un ciné et un repas entre amis… mais c’est agréable aussi :p

Écrit par : Lou | 29/09/2007

Ah toi aussi tu as « pas mal de livres en retard » ! 😀 Plus j’observe ma PAL, plus j’ai peur que ma biblio ne suive l’exemple de la tienne et ne se venge 🙂

Écrit par : Flo | 29/09/2007

@ Flo : le « pas mal » est tout à fait relatif :o(
Attention aux bibliothèques sadiques, elles ont tendance à proliférer chez les LCA !

Écrit par : Lou | 30/09/2007

Les commentaires sont fermés.

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *