La vie est un Cabaret

1178275307.JPGAprès avoir assisté passivement à la bataille acharnée qui s’est une fois de plus livrée dans ma bibliothèque entre romans négligés, j’ai choisi de présenter ici Ida, que j’ai lu en décembre. C’est en renâclant et en traînant les pages que ce petit livre m’a suivie sur le canapé pour une opération « chroniquage intensif » en bonne et due forme. Il faut dire qu’Irène Némirovsky aurait eu de quoi se vexer sachant qu’Ida détient le record absolu de la plus longue attente de mise en ligne de commentaires post-lecture.

Pourtant, si ma lecture est lointaine, j’aimerais rendre justice aux deux excellentes nouvelles qui composent ce court recueil, sur lequel j’ai lu des critiques plus réservées. Si Ida a déçu quelques lecteurs plus sensibles à d’autres de ses œuvres, ce texte a été pour moi l’occasion de découvrir Irène Némirovsky. J’aimerais à ma manière rendre hommage à ce beau livre et à inviter ceux qui ne connaissent pas encore cet écrivain à songer à Ida pour une première approche.

Les deux nouvelles, Ida et La Comédie bourgeoise, retracent le destin de deux femmes que la vie n’a pas épargnées.

Attention [Spoiler]

[Tout d’abord Ida, danseuse vieillissante habituée pendant des années aux paillettes et à l’éclat des feux de la rampe. Malgré les années, cette femme vit toujours dans l’illusion, cherchant à se persuader qu’elle est toujours la reine des soirées dans lesquelles elle apparaît avec majesté, entourée de jeunes femmes superbes à qui elle ne veut trouver aucun talent. Couverte de plumes et de bijoux, elle descend chaque soir le majestueux escalier qui la conduit à la scène en guettant l’envie et l’admiration dans le regard des hommes venus la voir. Car depuis des années, Ida est restée inégalée  et rien ne pourrait l’empêcher d’être encore la reine du spectacle. Pourtant, une lutte sans espoir s’est déjà engagée entre la vedette rongée par l’âge et les filles ambitieuses à peine sorties de l’adolescence qui rient sous cape en attendant la chute imminente de cette vieille idole dont la majesté frôle le ridicule. Chaque nuit, la reine s’enduit de crèmes et de masques, entourant son corps entier de bandelettes aux vertus rajeunissantes. Jusqu’au soir où, comme il fallait s’y attendre, l’incident se produit et un premier rire fuse dans la salle.

Puis Madeleine, dont la vie, quoique plus banale, n’a rien à envier à la tristesse de l’histoire d’Ida. En province, la jeune femme doit faire face à un destin tout tracé : issue d’une famille bourgeoise, elle doit épouser celui qui représente un bon parti. Peu avant son mariage, elle découvre que l’homme qu’elle doit épouser a vécu avec une femme avec qui il a eu un enfant. Tous lui rappellent qu’il est normal qu’un homme ait eu des liaisons dans sa jeunesse. Et la voilà qui se retrouve aux côtés d’un industriel qu’elle n’aime pas, apprenant par la suite que sa maîtresse s’est donnée la mort. Son seul bonheur sera celui d’élever ses enfants, jusqu’au jour où, devenue âgée, elle ne sera plus qu’une nuisance pour eux.]

Ecrites avec beaucoup de sensibilité et une plume habile, ces deux histoires à l’atmosphère profondément mélancolique touchent par l’humanité de leurs protagonistes. Bien que tragiques, les destins de Madeleine et d’Ida sont d’un réalisme étonnant et il est difficile de ne pas comprendre ces femmes avec leurs doutes et leurs peurs si humaines. A la fois fragiles et d’une volonté de fer, toutes deux suivent le chemin qui les conduit inéluctablement vers la solitude et une fin malheureusement banale. Cherchant à se rassurer, Ida aussi bien que Madeleine savent que l’avenir ne leur réserve plus rien, les meilleurs moments de leur vie ayant déjà disparu depuis longtemps.

D’une beauté troublante, ces nouvelles décrivent avec pertinence les émotions et les états d’âme des personnages, dont l’histoire touchera plus d’un lecteur.

119 p

 

Irène Némirovsky, Ida, 1934

 

Commentaires

Pardon pour ce commentaire hors-sujet : j’ai été très prise ces derniers jours, mais je n’oublie pas le petit mail que je dois t’envoyer !

Écrit par : Aelys | 01/04/2008

rahhhh, et Edith alors??? je te boude! na!! ;o))

Écrit par : choupynette | 01/04/2008

Je n’ai lu que ton premier paragraphe car ce livre est dans ma PAL depuis des mois, malgré sa taille !

Écrit par : Tamara | 02/04/2008

J’ai lu ce petit livre en 2007 et j’avais bien aimé même si j’ai préféré la 1er nouvelle 🙂

Écrit par : anjelica | 02/04/2008

Ce sont deux excellents textes, en effet.

Et au passage, bravo d’avoir su batir un billet aussi consistant à partir de deux textes aussi courts ! Chapeau, vraiment.

Écrit par : thom | 02/04/2008

Celui-ci figure déjà sur ma LAL et à force de lire des avis plutôt élogieux dans l’ensemble, j’ai très envie de le découvrir à mon tour ! 😉

Écrit par : Florinette | 02/04/2008

@ Aelys : je connais, j’ai enfin du temps pour moi depuis quelques jours seulement !:)

@ Choupy : noooooonn ! Tu ne peux pas me faire ça !;o) Promis, je vais donc m’attaquer à Edith !

@ Tamara : je connais, j’ai plusieurs folio 2€ en attente depuis une éternité !

@ Anjelica : moi aussi j’ai préféré la première nouvelle, mais l’autre m’a beaucoup touchée aussi.

@ Thom : je suis une bavarde invétérée :p

@ Florinette : n’hésite pas, d’autant plus que ça ne coûte pas trop cher et ce n’est pas très long… achat sans risque !

Écrit par : Lou | 02/04/2008

j’aime beaucoup cette auteure. Vraiment

Écrit par : Gambadou | 02/04/2008

Je l’avais déjà noté (je ne sais plus chez qui !) car étrangement, ce titre était passé au travers des mailles de mon filet et n’avait jamais rejoint ma LAL !

Écrit par : Joelle | 04/04/2008

Je suis ravie que tu aies commencé par ce titre et ton billet sur ce livre que je ne connaissais pas me donne très envie de le lire. J’aime beaucoup l’écriture d’Irène Némirovsky. En ce moment, j’ai « Le bal » dans ma PAL.

Écrit par : Nanou | 04/04/2008

@ Gambadou : c’est vraiment compréhensible, j’ai été moi aussi très sensible l’écriture et la profondeur des personnages… vraiment un excellent écrivain !

@ Joëlle : ah oui, pour être étrange…;o)

@ Nanou : j’ai feuilleté « le Bal » en librairie, ça a l’air très intéressant aussi. Pour l’instant j’essaie d’éviter de multiplier les achats mais je reviendrai sans aucun doute à Mme Némirovsky !

Écrit par : Lou | 04/04/2008

Je ne suis pas fan des nouvelles mais comme j’aime beaucoup l’auteure, je vais mettre ce petit livre dans un coin de ma mémoire.
Lou, ton lien à gauche vers « Némirovsky Irène, Ida » ne fonctionne pas 🙂

Écrit par : Argantel | 13/04/2008

@ Argantel : ah, merci beaucoup de m’avoir signalé ça ! J’essaie de vérifier en général mais il m’arrive d’oublier. Merci aussi pour ton passage par ici 🙂

Écrit par : Lou | 13/04/2008

Je n’ai pas trop accroché sur la première nouvelle…Par contre, j’ai adoré la seconde.
Je n’ai pas fait de chronique de ce livre sur mon blog.
C’est bizarre, je ne m’en sentais pas inspirée!!
Ca viendra peut-être plus tard.

Écrit par : Virginie | 30/04/2008

@ Virginie : moi aussi j’ai mis beaucoup de temps avant d’écrire ma note (environ trois mois). J’ai lu les deux nouvelles avant les vacances de Noël. Je n’ai pas eu accès à mon pc pendant une semaine et à mon retour je n’étais pas incroyablement inspirée 🙂 C’est pourtant un très bon petit livre !

Écrit par : Lou | 02/05/2008

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