Les prix et moi ça fait deux !

char_main_dieu.jpgLauréat du prix Landerneau, le roman La Main de Dieu de Yasmine Char ne sera en tout cas pas l’élu de mon cœur. Traitant de la guerre du Liban à travers les mots d’une femme se souvenant de son adolescence entre balles et obus, ce récit me laisse perplexe.

Lu en deux fois (un tiers d’abord, abandonné par lassitude, puis repris par obligation), c’est un texte qu’il vaut mieux lire d’un trait afin de ne pas se perdre dans les méandres de la narration, qui alterne des scènes courtes sans se soucier forcément d’un ordre chronologique. Pour reprendre ma lecture après un mois d’abandon, j’ai dû parcourir rapidement le premier tiers déjà lu car hormis quelques détails, j’avais tout oublié. Je dois avouer que j’ai porté plus d’intérêt à ma lecture cette fois-ci, trouvant plus de qualités au texte sans pour autant y prendre plaisir.

Ce roman, sans être mal écrit, est à mon avis presque trop complexe pour être abouti. Les thèmes sont innombrables, entre l’amour, la guerre, les relations familiales complexes, la liberté, la condition de la femme, le poids des traditions, l’ombre de la mort, la religion et j’en passe. Cette profusion d’informations est accentuée par la densité du texte qui m’a parfois fait l’effet d’une compilation un peu brutale. Suivant les pensées de la narratrice et donc logiquement un peu tortueux, le récit saute d’un sujet à un autre, de la 1ère à la 3e personne, si rapidement qu’il finit par passer pour un ensemble de considérations assez générales que l’on peine à s’approprier. Difficile de s’attacher aux personnages qui tiennent plus de la figure emblématique que de l’individu. Pourtant, l’aller-retour pourrait servir un récit grave et matière à réflexion, sans un effet haché et une impression d’inachevé. Le contenu est riche, dense, mais on a parfois l’impression que beaucoup de pistes sont seulement ébauchées et mériteraient d’être développées pour donner plus d’ampleur à ce texte.

Je comprends l’intérêt que beaucoup ont pu trouver à ce roman, qui a séduit un certain nombre d’entre vous. Malgré tout la magie n’a pas opéré et, m’étant ennuyée, je reste déçue.

« A la télévision, l’amour est sur le point de triompher. L’amant niais est sur le point d’annoncer une merveilleuse nouvelle à sa fiancée. Légende urbaine : le citoyen calfeutré dans sa maison qu’on retrouve dans sa baignoire, mort d’une balle perdue. Les futurs époux s’étreignent pendant qu’un orchestre se met à jouer. Ma grand-mère me parle doucement : il faudra bientôt te marier toi aussi. Je hausse les épaules, je ris. Je dis : je ne veux pas me marier, ça ne m’intéresse pas. Elle dit : tu veux rester vieille fille ? Je réponds : je veux d’abord finir mes études, on verra après. Elle me regarde longtemps. Elle dit : à notre époque c’était plus simple, on obéissait sans discuter et on s’efforçait d’être heureux avec ce qu’on nous donnait. Ce n’était pas évident, c’est peut-être toi qui as raison. Elle repousse le drap et elle dit une chose inoubliable : si tu ne veux pas te marier, ne te marie pas. Si tu veux être une prostituée, sois une prostituée mais la meilleure. Vise toujours l’excellence. »

Les avis en général positifs d’AmandaLilyPascalKatellCathuluStéphanieFashionCaro[line]PapillonMalice (qui est enthousiaste mais a depuis oublié) – Anne – qui d’autre ?

97 p

Yasmine Char, La Main de Dieu, 2008

Prix_Landerneau_1.jpg

Commentaires

Même si ce roman fourmille de thèmes qui auraient pu être appronfondis, je me suis laissée attraper par l’émotion dégagée par le personnage. Et c’est uniquement cela que je retiens.

Écrit par : Thaïs | 21/08/2008

@ Thaïs : effectivement, d’autres lecteurs ont été sensibles à ce personnage à fleur de peau, comme Fashion par exemple. Les goûts et les couleurs changent d’une personne à une autre, mais ce texte présente un intérêt indéniable.

Écrit par : Lou | 21/08/2008

j’ai aimé l’écriture, mais comme toi j’ai trouvé que celà n’est qu’une esquisse, trop rapide pour prendre suffisament de poids. Trop d’inspirations prises à Duras (la scène sous la douche est un peu trop ressemblante à l’Amant) à Khadra aussi.

Écrit par : amanda | 21/08/2008

Comme toi, j’ai lu le premier tiers du roman. Mais je n’ai pas repris la lecture par la suite. Il avait l’air intéressant mais je n’ai pas accroché au style.

Écrit par : Naina | 21/08/2008

Il me tente quand même, ce roman… voir un avis moins positif ne réussit qu’à me rendre curieuse!!! Je sais, je sais, je suis mal faite!

Écrit par : Karine | 21/08/2008

Un billet qui complètement parfaitement ton com’ chez moi;-)

Écrit par : Anne | 22/08/2008

@ Amanda : je n’ai pas lu Khadra mais en tout cas, si je n’avais pas pensé à « l’Amant », tu as effectivement raison !

@ Naina : J’avoue que si je l’avais lu dans un autre cadre que le prix Landerneau je ne l’aurais sans doute pas fini non plus, mais je ne regrette pas de l’avoir lu finalement, même si je ne suis pas enthousiaste.

@ Karine : ça m’arrive aussi (esprit de contradiction) !:o)

@ Anne : en effet !

Écrit par : Lou | 22/08/2008

En fait, il faudrait d’abord avoir le prix, puis écrire le roman, il serait peut-être plus lisible. Parce que, j’allais oublier, il faut aussi des lecteurs. Et même des prescripteurs.

Écrit par : Georges F. | 22/08/2008

@ Georges F : j’avoue que si ce livre n’est pas dénué d’intérêt je suis assez étonnée par le choix du jury car a priori ce prix se veut plus accessible (d’où le lien avec les magasins Leclerc qui vont mettre en avant le lauréat) ; or ce roman plus difficile rebutera à mon avis les lecteurs occasionnels à la recherche de lectures « plaisir ». En ce qui me concerne j’ai trouvé de l’intérêt à cette lecture, mais de plaisir, aucun.

Écrit par : Lou | 29/08/2008

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